Rêve d'Himalaya: Trek au Rupin Pass

Le compagnonage avec Michel s acheve : comme prevu il rentre en France.
Pour un peu plus d'un mois je suis seul.

Apres tous ces pelerinages, et pour organiser ma nouvelle vie j ai besoin d'un peu de repos.
Rishikesh est l'endroit reve pour cela : Ville religieuse situee sur le Gange a la sortie des Montagnes, Rishikesh est un concentre d'inde :

des temples,
des ghats ou les pelerins se baignent,
des ashrams divers et varies pour vous acceuillir pour une retraite meditative
de grands Yogis et leur ecoles (Richikech est "la capitale mondiale du Yoga")
des shadus,
des bazards regorgeant de tout objet desire,
des agences de voyages proposant aux touristes (occidentaux, mais surtout indiens) pele mele , reservation de billets de train, d'avion, de bus, treks, pelerinages, aventures diverses dont de tres populaires circuits en rafting de plusieurs jours,
et enfin des restaurants israeliens et italiens pour permettre aux pauvres touristes occidentaux de faire une pause dans la souffrance quotidienne de manger indien !!!!
et surtout toute la poussiere, la salete et le bruit qui en font une vrai ville indienne...

Ci dessous la vue depuis ma terrasse a l'hotel. En plus, juste en dessous, une boutique de CD diffuse en permanence de la bonne musique classique indienne.... Quand au soleil couchant, sur les doux accord de la flute et du tabla, l' intense lumiere de la journee se fait plus douce, et la temperature plus clemente, c est un plaisir intense que de voir les lumieres du temple s allumer une a une, les gens se presser sur le pont, et les rafts se vider de leur passagers!

Mais il faut bien repartir de ce (semi) paradis.

Mon objectif est de monter vers le nord pour rejoindre le Kinnaur et mettre le plus de montagnes possible entre moi et la mousson!
Le Kinnaur se situe dans l etat voisin de l Uttarakand : l Himaschal Pradesh.

La carte ci dessus montre la position du Kinnaur en Inde, avec en dessous une carte simplifiee de l etat de l Himaschal Pradesh ou le Kinnaur est en gris fonce. La carte detaillee montre en fait le Kinnaur et mes objectifs suivants Spiti, Lahaul, ainsi que le Kullu ou je n irais pas pour cause de mousson.

J ai le choix entre 2 options : passer conventionnellement par les villes en utilisant le bus (Mussorie, Shimla, Rampur, Rekkong Poe), ou passer par la montagne : le Rupin Pass (que vous trouverez en dessous de Sangla sur la carte) permet de relier directement les hautes vallees du Garwhal et la vallee de Sangla. une des plus belles du Kinnaur!

Difficulte, il s'agit d un trek de 7 jours : 1 jour d approche en bus, et 6 jours de marche dont 5 sans nourriture ni villages d apres ma documentation.

Donc je n ai pas le choix il me faut passer par une agence et trouver un guide qui connait et qui pourra prendre quelques porteurs pour la nourriture et les tentes.
C est a cet objectif delicat que j emploie la majeure partie de mon temps de repos. Oh bien sur toutes nombreuses agences de Rishikesh connaissent le Rupin pass, mais quand mes questions se font plus precises, c est le trouble et il n y a plus personne.
Je finis par trouver un guide (Anjuman) qui a l air tres fantaisiste mais qui lui, manifestement, connait le chemin car il a effectivement deja fait le parcours.
Nous negocions les conditions et erreur de ma part je lui fais une avance consequente sur le montant total sans reel rapport avec les frais qu il a a engager effectivement.
Il arrivera avec 1 heure de retard a notre 1 er RV pour fixer les modalites du depart et en plus dans un etat passablement emmeche....
Que faire? j ai deja verse une grosse partie du montant. Ce sera difficile a recuperer. Enfin c est le seul guide de Rishikesh qui connait le trek!!!
Le lendemain matin, il arrive avec une heure de retard et sans avoir fini d'organiser notre matos : toutes nos correspondances de bus pour rejoindre le lieu de depart s effondrent. Je ralle, je tempete, mais lui fais tout ce qu il peut pour me rassurer et compenser ses erreurs. Tant et si bien que nous arrivons tres pres du lieu de depart a la fin de ce premier jour. Nous decouvrons au passage que la route a progresse, raccourcissant le trek de quasiment la moitie de la 1ere journee
.

Le lendemain Anjuman recrute 3 porteurs, nous faisons les paquets (les porteurs n ont aucun sac, Anjuman n'a rien prevu, c est donc en bricolant avec les cordes et sacs de riz que les charges des porteurs sont constituees) et nous partons.

Le trek est magnifique et traverse des villages ou souvent l electricite est arrivee mais pas encore la route.

Notre equipe se constitue et je decouvre la personnalite de chacun des porteurs :

Caran dont les parents sont proprietaires de 400 pommiers au Kinnaur. C’est son 1er treck : il est decouvre la montagne et l effort intense il est volontaire pour tout, et a soif d'apprendre.
Trilock une force de la nature ,qui ne dit presque rien, en fait le minimum mais qui porte la plus grosse charge (la cuisine). Il est aussi le premier a raller
Anandar qui a deja fait le trek plusieurs fois et qui fait les decisions du groupe des porteurs

A la fin du deuxieme jour, je sens le mecontentement gronder chez les porteurs. Le rechaud a Kerosene ne fonctionne pas vraiment compliquant le travail de cuisine et rallongeant considerablement les temps de preparation de la nourriture.

Il me faudra une longue discussion animee avec Anjuman pour qu il accepte d acheter un nouveau rechaud tres heureusement trouve dans un des villages traverses.

Nous ne sommes pas seuls sur le trek, nous rencontrons 2 groupes de bengalis dont l'un nous dit avoir eu beaucoup de neige et l'autre avoir renonce suite a la glissade sur la neige de l'un d'entre eux. La tension monte. Elle restera jusqu' au passage du col meme si Anjuman m' assure que les bengalis ne sont pas de vrais montagnards!

Nous nous rapprochons du col et effectivement le dernier jour nous decouvrons que toute la partie finale est sous la neige. En particulier l eboulis qui mene au col est tranforme en un couloir de neige haut de 150 m tout a fait impressionnant.
Heureusement la neige permet de tailler de bonnes marches. Pendant que je m y emploie Anjuman motive les porteurs fortement impressionnes. Il faut dire qu ils n ont que des tennis ameliores pour affronter cette neige

Une fois au sommet je redescend pour les aider a faire les derniers metres.

Au col le groupe laisse eclater sa joie! La descente ne sera qu'une formalite

L'equipe :
Anjuman devant une cuisine typique du Kinnaur

Caran en train de faire les chapatis du matin

Trilok se rechauffant au feu du petit matin

Anandar se reposant apres une rude journee de portage en montee

Un des villages traverse : Djakar, quelques temples kinnauri et une maison en construction

Un groupe de jeunes remonte en chantant au village : ils viennent de remporter la coupe de badmington de la vallee et nous montrent tres fiers leurs trophees

Singh qui a exactement mon age et avec lequel nous avons parle longuement et tranquilement de la vie, de la famille, du destin, de la force des choses,.... Il faut dire que sa maison et son magnifique balcon qui surplombe la vallee cree une ambiance qui incite a la serennite et a l echange. Un moment magique!